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J’opte.
A chaque instant j’opte.
Je sélectionne, je privilégie, je préfère, j'élimine… On ne peut pas cesser de choisir : Nous choisissons notre chemin, nos cravates et la taille de nos petits pois*. Nous comparons, nous sélectionnons ce qui nous semble être le meilleur ou le pire. La vie est une suite de choix. Être libre, c’est choisir !
J'opte, tu optes, il opte… Impossible de faire autrement : Etre en vie nécessite de faire des choix et notre vie dépend des choix que nous faisons.
Ils optent, vous optez, nous optons… Nous faisons des choix avec un libre arbitre total, une entière liberté d'orienter notre existence parmi une infinité de possibilités à chaque seconde : Nous pouvons choisir entre maintenant et plus tard, continuer ou arrêter, faire où ne rien faire, virer à gauche ou à droite, affronter ou fuir… Nos choix sont multiples et infinis entre une vie simple ou compliquée, se libérer du passé ou se tourner vers l’avenir, être libre ou se reposer, être heureux ou malheureux, refouler nos peurs ou s’autoriser à être humain… Il ne tient qu’à nous de saisir les opportunités pour devenir acteurs de nos vies.
Le choix est inhérent à la vie : Impossible de faire autrement alors autant en accepter le principe et l’optimiser en ne prenant que des décisions qui nous correspondent. Nos choix doivent pour cela avoir un sens profond pour nous et non pas être dictés par la pensée normative ambiante. A trop vouloir "contrôler" nos chemins sous l’emprise sociétale, on finit par faire des choix qui ne nous ressemblent pas. Il convient donc toujours de choisir avec nos tripes en écoutant nos ressentis, nos intimes convictions. Cela suppose de ne pas réfléchir trop longtemps car si la pensée est utile elle peut aussi, par excès, inhiber nos choix et étriquer nos vies.
Ecoutons simplement notre petite voix intérieure : elle sait ce qui est bon pour nous. Plus nos décisions sont spontanées, plus elles nous correspondent et plus leur effet nous conviendra...
Ecouter sa voie intérieure cela peut-être aussi se laisser inspirer par la fantaisie du hasard, la beauté des étoiles, la joie simple d’une nuit violette ou l’ombre légère des saules gris… cela peut-être écouter les messages du silence, se laisser porter par les ailes du destin ou la volupté magique d’un son de flute qui nous cueille et nous élève en oblique vers le soleil, s’en remettre à la magie des eaux, flotter dans l’air ainsi qu’un souffle ou se laisser fondre dans l’âme des choses…
C’est super chers(se) ébouriffés(es), nous sommes les acteurs de nos vies et nul ne peut nous atteindre dans nos choix ! Décidément, la vie est une belle pichenette qui nous ébouriffe !
* fins, très fin, extra fins… oui, j'ai remarqué que les gens mettent un certain temps à choisir la taille de leurs petits pois … un avis là-dessus ?
Pascal (ne porte jamais de cravate)
Ces derniers jours nous bénéficions d'une belle météo bien pourrie. Le ciel touche le sol et masque notre horizon… Nous avons de la chance car ce temps incroyablement vulgaire limite nos activités à l'extérieur : nous allons faire la marmotte, entrer en dormance pour quelques mois. Enfin du repos ! L'hiver est propice à la réflexion, à l'introspection et aux rêves… Les joncs sont figés dans la brume, les mousses se gorgent d'eau et les arbres vagabondent sur place au gré du vent et des saisons. Ils sont libres et heureux… La liberté et le bonheur sont des états intérieurs et il existe pour chacun de nous des circonstances extérieures qui conditionnent notre capacité à éprouver de tels sentiments. Le palmier pousse en bord de mer, le lichen dans la toundra et les sapins en montagne et se sentent heureux. Comme les joncs ou les saules en bord de Saône, chaque être humain a besoin d'un certain sol, d'une certaine température, d'une certaine altitude pour se sentir libre et heureux c'est à dire pouvoir porter sa nature au maximum de son développement... A chacun de trouver dans quelle condition, à quelle altitude, il pourra au mieux s'épanouir : (environnement, choix professionnel, choix familial...). Réussir sa vie c'est peut-être vivre de la manière la plus proche de ce qui nous correspond et non pas en fonction des codes de notre entourage, de notre société… A chacun de trouver la vie qui lui correspond. La vie est d'une brièveté affolante. Une pichenette qui nous ébouriffe.
Je vous souhaite une belle journée ocre et joyeuse, loin du tumulte du monde.
Ce matin tout est calme et la nature engourdie tarde à se réveiller. La lumière du soleil peine à traverser la brume qui stagne au-dessus de la Saône. On ne voit pas la rive d'en face mais on devine que la ville est là par les bruits sourds qui nous parviennent. La rivière sépare deux mondes. Celui des cormorans qui boivent dans la mousse des clapotis alors que les herbes grises ondulent en silence et celui des hommes qui vivent absorbés dans la frénésie du quotidien. Comme la nature prend son temps, l'homme se dépêche. Le rythme est différent de chaque côté de la rivière mais le temps est le même. Que l'on soit pressé ou non, nous n'en finissons pas de vieillir. C'est ce qu'évoquait un groupe d'arbres en pleine discussion sur la berge : leurs silhouettes, comme des êtres décharnés, se reflétaient dans l'eau si sombre du mois de décembre. Alors que je discutais un long moment avec eux, le saule cendré interrompit soudain la causerie qui s'éternisait. Nous savons depuis toujours dit-il doucement, de l'ortie blanche au peuplier noir, de l'aubépine aux colonies de roseaux, du noisetier aux nénuphars, de la petite ciguë au trèfle commun, du bouleau à la marguerite que la vie est juste une seconde qui n'en finit pas. Ramure au vent, les pieds dans la friche, il venait juste de répondre aux gamberges récurrentes des hommes égarés sur le mystère des jours qui passent. Qui passent. Qui passent. Oui, la vie est d'une brièveté affolante. Une pichenette qui nous ébouriffe. A quoi bon s'opposer en hâte à la débâcle des choses ?
Je vous souhaite d'user du temps comme si vous alliez en jouir toujours, dans la joie et la beauté.
Eaux froides. Eaux basses. Eaux lentes. La rivière en pente douce égrène le temps comme un gros sablier. Elle rythme la vie des joncs et des oiseaux qui vivent là depuis toujours. Les oiseaux aiment la vie, goutte à goutte, fleur à fleur, pierre à pierre. Les oiseaux voient le temps. Ils ont les idées claires car ils ont appris depuis longtemps à voir autour d'eux… Ils connaissent la taille des arbres, le gout de la terre, la beauté du ciel étoilé, le bruit de l'eau qui file entre deux pierres, l'odeur du foin, le coquelicot… Mais cela ne suffit pas. Demandez à l'alouette ce qu'elle connait vraiment. Elle sait la morsure du vent, le parcours de la peine ou la joie du gardon, le mouvement qui fait s'ouvrir les fleurs au petit matin. Elle sait parce qu'elle voit comme elle vit, dans l'instant présent.
Nous autres passons trop souvent à côté des choses sans les voir vraiment et en nous contentant de leurs apparences. Certes nous pensons, mais que valent les pensées et les idées quand elles viennent trop tôt ? La clarté ne vient-elle pas avec le temps comme s'il fallait attendre, accumuler toute une vie le sens et le nectar des choses pour approcher leur âme ?
Pour se faire une idée du monde, de la vie, des mystères qui nous entourent, pour avoir les idées claires, il faut avoir vu les océans et les montagnes, beaucoup de villes, beaucoup d'hommes et de choses. Il faut se souvenir de routes dans des régions inconnues, de bords de mer, de sentiers perchés, de fontaines d'eau glacée. Il faut connaitre les animaux, les arbres et les pierres. Mais cela ne suffit pas. Il faut se souvenir du gout de la fumée qu'on inhale dans le froid, du mur de la fatigue, des stries d'un caillou, de l'éclat du soleil sur une touffe de violettes, du chant de la huppe. Il faut se remémorer les matinées paisibles au bord d'un lac, une nuit de voyage, le bourdonnement des insectes dans la touffeur de l'été, la pleine lumière qui tord la silhouette des ormes, le bruit des feuilles quand le vent se lève avant l'orage. Mais ce n'est encore pas suffisant. Il faut se souvenir des rencontres inattendues, des adieux imprévus, des journées d'enfance, des parents qu'il a fallu blesser et de l'amour. Mais cela ne suffirait même pas. Il faut se rappeler d'un cri de souffrance, d'un regard désespéré. Il faut aussi avoir été au côté de mourants, être resté au chevet d'un mort dans une chambre la fenêtre ouverte, saisir dans un regard limpide la beauté d'une évidence.
Mais avoir des souvenirs n'est peut-être pas suffisant. Il faut aussi pouvoir les oublier et avoir la patience d'attendre qu'ils reviennent. Attendre qu'ils perdent leur nom et s'enfouissent, jusqu'à se confondre avec notre regard et notre âme. Alors il peut se produire qu'au cours d'un moment très rare une impression surgisse en nous et prenne sens. Qu'une soudaine lucidité provoque nos ravissements les plus subtils. Qu'un voile se soulève et qu'une clarté apparaisse du côté de l'esprit, loin des simulacres insignifiants de l'existence matérielle. Que l'on ressente que l'on procède de tout ce qui nous a précédé, de tout ce que nous avons vécu, de tout ce qui nous entoure et que la vie est d'une brièveté affolante. Une pichenette qui nous ébouriffe. Demandez à l'alouette ce qu'elle sait vraiment. Je vous souhaite d'entendre sa réponse dans le murmure du vent.
Partout, dans la pureté du ciel bleu, dans la senteur des sous-bois, l’ocre des feuillages, chaque noix, chaque pierre, dans les vibrations du tambour, dans les vapeurs de la Saône, le vol des canards, la danse des roseaux, nos cœurs, nos prénoms, nos choix, nos rêves, dans la résonnance du gong, dans l’invisible et le silence… se cache le mystère sacré de la vie...
J’ai fais ce matin un petit tour dans les mystères de la brise matinale juste avant que la chaleur ne déboite le temps. Le jour s’était pointé depuis peu et le vent jouait avec le parfum des roses et du foin embaumant déjà l’aube fraiche et dorée. Je m’assis sur une pierre noire quand je réalisais qu’un oiseau était là tout près sur une frêle branche de charmille. C’était une merlette, sans doute du printemps dernier. Elle m’observait immobile sans bouger. A peine quelques secondes passèrent quand un petit lapin s’approcha pour se joindre à nous. C’était comme si nous avions rendez-vous ! Nous restâmes là tous les trois à nous regarder, sans bouger, dans le silence et le temps s’arrêta bientôt faisant place à la beauté tranquille. Chacun de nous était dans l’évidence de cette rencontre fortuite (?) et intense. Nous nous sommes tout dit sur le temps qui passe, l’univers qui nous ébouriffe, la transparence des libellules, la mélodie des feuillages et le sens de tout cela. Nous avons parlé de la vie et de la mort et de ce qu’elles ont, l’une comme l’autre, de grand et de magnifique. Puis le "garenne" s’est détourné doucement et je suis, moi aussi, parti sur la pointe des pieds pour reprendre le cours de ma vie... Certaines heures sont propices à percevoir la musique des choses invisibles.
C’est la Beauté tranquille,
la douceur des lumières.
Les jours bleus comme les jours gris
ont leur quiétude et de beaux silences...
Depuis les dernières pluies les escargots ne savent plus où donner de la tête dans la rosée du matin ! On observe çà et là les petits gris et ceux de Bourgogne s’empresser lentement hors du temps dans cette nature généreuse qui n’est pour eux finalement qu’une grande feuille de salade. Le temps ne semble pas avoir de prise sur ces gastropodes contemplatifs qui se déplacent à la vitesse incroyable de 1 millimètre par seconde. De quoi faire blêmir le plus chevronné des maîtres de Tai Chi ! L’escargot tout mou défie les lois de la physique en bord de Saône par sa lenteur ahurissante qui étire le temps au point qu’il cesse quasiment d’exister. Difficile de lui donner un âge dans ces conditions… C’est un peu comme s’il n’en avait pas ou plutôt comme si il les avait tous en même temps. Il est le temps passé à grignoter une laitue au fond du jardin, à lire une feuille de chou frisé dont il raffole, le temps bénit des giboulées, cette mauvaise rencontre avec un hérisson affamé, l’attrait inouïe des baies lâchées par quelques moineaux pressés, le temps de la ponte ou encore ce festin de pommes pourries avec ses potes l’automne dernier dans l’herbe humide à souhait. L’escargot n’a pas de vertèbre mais il a tous les âges : il est la somme de toutes ses aventures vécues au cours de ses lentes pérégrinations végétales.
Ce matin du 14 juillet, sans me vautrer dans la rosée, je suis comme l’escargot. Je ne suis pourtant pas herbivore ni comestible (ni hermaphrodite) mais je crois bien que j'ai tous les âges…
Oui, aujourd'hui j'ai 1 an et je vois les fées et les elfes,
Aujourd'hui j'ai 5 ans je découvre le monde,
Aujourd'hui j'ai 8 ans, je joue et je ris,
Aujourd'hui j'ai 10 ans et la vie m'étonne, j'ai 15 ans et je me révolte, j’ai 18 ans et j'idéalise, j'ai 20 ans et je m'insoucis, j'ai 25 ans et je m'étonne, j'ai 30 ans et j'existe, j'ai 35 ans et je m'étonne de les avoir déjà, j'ai 40 ans et j'apoge, j'ai 45 ans et je m'étonne des mystères de la vie, j'ai 50 ans et je suis engagé, j'ai 55 ans et j'ai rendez-vous avec moi-même un beau matin de juin, j'ai 55 ans et je m'étonne de la beauté des coquelicots, j'ai 55 ans et je me sens léger, j’ai 56 ans et je me rappelle quand j'en avais cinq, j’ai 57 ans et çà fait 2 ans que j’en ai 55, j'ai 57 ans et je cajole mon imagination, j'ai 57 ans et j'arrose ma liberté, oui aujourd'hui j'ai 57 ans, je m’en fous et je ne me plains pas de vieillir ! Tout le monde n'a pas eu cette chance. Et puis c’est un privilège qu’ont les ainés d'avoir tous les âges : rendez-vous compte, aujourd'hui j'ai 1653 ans ! Vous ne me croyez pas ? Hé bien comptez ! J'ai tous les âges à la fois : j'ai 1 an + 2 ans + 3 ans + 20 ans + 30 ans +…+50 ans… je suis la somme de tous ces instants vécus et je redécouvre le monde des fées, je m'étonne plus que jamais de la beauté du monde, je suis un coquelicot, une alouette engagée, je m'insoucis, j'apoge, j'exulte et je ris car même si la vie est d'une brièveté affolante, une pichenette qui nous ébouriffe, je sais aussi que les plus belles années de nos vies sont celles que l'on a pas encore vécu, surtout si, comme l’escargot, on prend le temps… de vivre.
Comme la lune est belle dans le ciel étoilé tandis que l’homme s’agite. Nous vivons nos courtes existences entrainés dans la ronde infernale de ce monde étrange et grouillant. Mais à peine a-t-on vu clair que c’est déjà presque la fin ! Indices, cotations, taxes et rendements... quel intérêt ? Capital, PIB et dettes...que nous restera t-il en fin de compte ?
On pourrait se contenter de regarder les étoiles... Toujours semblables à elles-mêmes dans le soir azuré. Depuis longtemps. Depuis toujours. Splendides, immuables, les étoiles. Ont présidés à ta naissance. Présideront à ta mort. T'ont vu vagissant dans les langes, laid comme un singe. Te voient creuser avec application ton petit abri en plein malentendu. Te verront chenu, planté entre deux cannes, maigre et figé, empaqueté dans ta caisse (et aspergé d'eau bénite ?).
La vie est d’une brièveté affolante. Une pichenette qui nous ébouriffe...
Alors chantons à la lune, comme çà... pour des prunes !
Ce matin la voisine me dit quelle en a marre de ce temps qui démoralise. Plus loin dans la rue une autre personne m’interpelle sur la météo de la vallée de la Saône qui déprime… Quelle que soit la couleur du ciel, je vous souhaite de rire et de jouer, d'être heureux de rien...
La couleur du ciel reste à travers les âges et nous passons...
Le grand système des puissances
et des ondes invisibles nous ébouriffe...
Bon jour givré les ébouriffés (es) !
Le lundi je suis comme Robinson Crusoé, j'attends Vendredi (!) On dit souvent que les jours se suivent et se ressemblent. Qu’ils se suivent, c’est indéniable. Mais qu’ils se ressemblent cela est plus ou moins vrai.... Ne serait-ce pas une question de dosages ?
Rêver plus, se plaindre moins...
Écouter plus, parler moins...
Aimer plus, se fâcher moins...
Espérer plus, craindre moins...
Se détendre plus, s’inquiéter moins...
Croire plus, douter moins...
Jouer plus, travailler moins...
Quelques subtils dosages ne permettent-ils pas d'envisager (plus ou moins) des jours qui ne se ressembleraient pas vraiment ?
Je vous souhaite de passer cette journée le pied léger et le cœur en fête.
Au secours ! c’est le début de la fin !
Tout le monde le sait, notre modèle de civilisation détruit la planète et menace la vie sur terre. Mais les années passent et nous continuons à ne pas réagir à la situation dramatique dans laquelle nous nous trouvons. Pollutions chimiques en tous genres, réchauffement climatique, destruction des forêts… l’extinction du vivant a commencé depuis 30 ans : 30% des oiseaux ont disparus, la moitié des mammifères et 80% des insectes volants en Europe… Des chiffres alarmants qui me débectent. Et plutôt que de repenser nos manières de produire et de consommer nous poursuivons notre course folle vers toujours plus de confort et d’argent, nous continuons à tout bétonner, à agresser la terre et à prendre l’avion pour aller reposer cette connerie qui nous fatigue dans des contrées lointaines ou les gens crèvent déjà de tous ces abus. Pire, au bord d’un anéantissement biologique imminent et irréversible, l'homme augmente comme jamais ses profits et se goinfre en détruisant la nature et sa capacité à entretenir la vie. Y compris la vie humaine. Je ne sais pas vous, mais moi, j'ai honte.
Ça me débecte vraiment et çà me fait gerber d'assister, impuissant, au début de notre fin.
Les oiseaux sont des cons et les chats sont des branleurs...
Mais c’est comme çà que je les aime !
J’appelle solennellement tous les oiseaux
à être plus méfiants, notamment à l’égard des chats...
... et j’appelle tous les chats nantis
à ne pas se vautrer inutilement dans leur instinct.
Je viens de déménager un vieux fauteuil. C’’est un fauteuil ancien en velours gris. Il est confortable avec un dossier haut, de belles lignes courbes et généreuses. Son cadre en bois est en parfait état et de discrètes sculptures lui confèrent un certain raffinement malgré une assise bien fatiguée. L’état du tissus décoloré témoigne de son grand âge mais bizarrement, cette usure du temps lui donne une jeunesse incroyable ! Il porte en lui toutes les années de son existence de sa fabrication au XIXe dans un petit atelier de menuiserie à son voyage d’aujourd’hui en voiture automobile. Oui, pour en arriver là ce fauteuil a vécu toute une histoire et fait des tas de rencontres : de l’écureuil qui s’accrochait aux branches de l’arbre quand il était arbre dans le Morvan au bucheron qui l’abattit un triste jour mais en vieille lune pour qu’il dure longtemps, des jurons du transporteur aux chansonnettes de l’ébéniste, du tapissier habile au jeune couple novice qui l’avait commandé. Ce siège a reçu bien des fesses, bien des événements, il a vécu des drames et des noces, connu des chansons, l’odeur de la confiture de fraise et de l’’omelette aux champignons, le dos usé du grand-père lisant son journal près du poêle puis quand il n’a plus été là, le dos frêle de la grand-mère seule avec ses souvenirs et son tricot. Il a connu la cousine amoureuse venue passer quelques jours, le passage des conscrits débraillés et saturés de prune, le paysan apportant des œufs et un lapin pour dimanche mais refusant de s’assoir, l’agent de la « Paternelle » venu encaisser la prime d’assurance… Oui, le tissus est usé, vieilli par tant de visites, brûlé par tant de soleils à travers la véranda, décoloré par la lune quand la bise glaciale jouait de la flûte dans les volets. Mais il a aussi été recoloré par les apéros auprès du feu, rehaussé par les repas de familles autour d’un gigot, ravivé par les soirées de Noël électriques et embellit par le rire des enfants insouciants qui, alors qu’Eddy Merckx gagnait le tour de France, se jetaient affamés sur leurs tartines de beurre saupoudrées de cacao. Traversant le siècle, collectionnant les aventures et continuant son épopée voilà un beau fauteuil qui éclaire le salon comme il nous éclaire sur le temps qui passe…
Comme ce vieux fauteuil, nous portons en nous tout ce que nous avons vécu. Je vous souhaite de bien conserver vos meubles de famille.
Vous aimez la courge ? Moi j’adore. En soupe c’est un délice avec un peu de bacon grillé et du parmesan.
J’en ai une dans mon jardin qui requiert depuis quelques mois toute mon attention. Plantée en avril elle a connu l’air frais du printemps et l’ardent soleil de l’été et sa longue tige enracinée envahit tranquillement la moitié du carré. Je l’arrose quasiment tous les soirs et elle grossit jour après jour. Elle est vraiment belle cette citrouille. C’est une dodue, une charnue. Une vraie arrondie aux tranches bien marquées. C’est une rondeur généreuse teintée de rouille aux brillances orangées dans la lumière chaude qui rase septembre. Normal c’est l’automne avec ses beaux éclats, ses couleurs incroyables et son énergie puissante. Comme tous les fruits parvenus à maturité, la courge est pleine de cette énergie cumulée du printemps et de l’été, de la terre et de l’eau. Et du ciel de septembre quand l’été s’achève pour laisser place à l’automne. C’est l’équinoxe d’automne. L’équinoxe c’est le début de l’automne. C’est ce jour précis dans l’année ou le soleil éclaire les deux hémisphères de la terre. Ce jour là (le 22 septembre) la durée du jour est égale à celle de la nuit. Nous l’avons oublié mais cette période de l’équinoxe était autrefois fêtée comme un cycle bénéfique plein d’une intense énergie. C’est la période de la récolte. La fin des moissons, des vendanges, la cueillette des derniers fruits. C’est dans l’ordre des choses. Comme je vais bientôt récolter ma courge dans le jardin, je m’apprête également à récolter le fruit de mes propres expériences vécues cet été… Après la montée du printemps et l’expansion de l’été, voici donc aussi venu pour moi le temps de ma récolte… le temps de finir mes actions commencées. L’équinoxe nous parle d’équilibre. Équilibre dans nos pensées, nos ressentis, nos actions. Comme l’arbre laisse tomber ses feuilles et les vieilles branches qui ne lui servent plus, c’est peut-être le moment pour nous aussi de laisser tomber tout ce dont nous n’avons plus besoin, tout ce qui ne nous sert plus à évoluer vers notre nature profonde.
Aujourd’hui je suis une courge. Oh, je n’ai pas sa rondeur ni sa belle couleur orange mais j’ai la même énergie accumulée, la même force, le même équilibre. Aujourd’hui je courge, je potirone. Je me densifie dans la plénitude du potimarron. Je me pâtissonne. En un mot, je me cucurbitace. Profitons, chers(es) ébouriffettes et ébouriffés, de cette période propice au bilan et au lâcher prise pour nous citrouiller avant l’hiver. Chaque année l’automne revient et nous concentre un peu plus vers qui nous sommes vraiment. C’est le travail de toute une vie, une vie d’une brièveté affolante, une pichenette qui nous ébouriffe.
(Droit de suite)
Oui, je crois que nous pouvons aller vers plus grand que nous. Mais quel est notre ennemi ? La paresse. Se contenter d'être soi… Nous avons tous une « zone de confort » mais le risque n’est-il pas de s’y complaire, de se contenter de satisfaire simplement ses instincts, d’oublier de se poser des questions, de ne pas chercher à s’amender ? Que peut-on apprendre quand on prétend déjà tout savoir ? C'est la remise en question qui permet d’avancer. Être curieux des idées et des croyances d’autrui, voir plus loin que le bout de son nez, savoir concilier. N'est-ce pas en gardant un esprit souple et ouvert que chacun de nous s'épanouit, perçoit la complexité du monde et toutes les subtilités de l’existence ?
Devenir soi-même pour être libre puis aller au-delà des évidences et bannir les certitudes pour devenir encore plus que soi-même. C’est ainsi. L’ébouriffé(e) a besoin de se dépasser pour atteindre le bonheur. Or Il n'est point de bonheur sans liberté, ni de liberté sans courage disait Périclès il y a quelques siècles déjà.
Ne pouvons-nous pas être plus que nous-mêmes ? Ce que nous sommes à présent épuise-t-il ce que nous pourrions être ?
Chaque heure nous avançons dans cette vie d'une brièveté affolante. Chaque jour nous progressons dans cette pichenette qui nous ébouriffe. Vivre est un état d’esprit. Se contenter d’être soi, se limiter à soi-même ou explorer son potentiel en acceptant l’inconnu pour croitre vers plus grand que soi ?
Il faut choisir : se reposer ou être libre...
Je ne sais pas vous mais moi j’aime beaucoup l’hiver. Les mois froids sont propices à la concentration et les paysages endormis en noir et blanc sont surprenants sous la neige quand le ciel semble tomber dans la Saône. J’aime bien aussi l’automne avec ses odeurs de " quelque chose est passé " et ses valises mélancoliques, où encore le printemps généreux et ses 50 nuances de vert… Mais de toutes les saisons c’est l’été que je préfère... Quoi de plus exaltant que de paresser dans l’air doux ? De plus reposant que le murmure du vent dans le foisonnement heureux des feuillages ? De plus solennel qu’une libellule ivre au ras des nénuphars ? Quoi de plus beau qu’un chuchot d’oiseau dans le silence du crépuscule ? L’été nous entraine dans les joies simples et tranquilles de la verdure et du bleu. Le soleil, la lumière et la chaleur nous bercent et c’est comme si ces sensations nous faisaient vivre à la limite du mystère qui nous entoure… Hâtons-nous d’être dans l’instant, car les heures filent. La vie est belle, chers(es) ébouriffés(es), mais d’une brièveté incroyable, une pichenette qui nous ébouriffe !
En vous souhaitant de la douceur, du soleil et de la lumière.
...Et mille sursauts !
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